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![]() Eh oui, Bordeaux et Bourgogne, c'est un peu comme chat et chien, rive droite et rive gauche, Marie Christine Boutin ou les homosexuels pacsé. Il faut choisir son camp, ça défoule toujours, ça identifie, ça statufie, ça pose son homme, sa femme, son noir ou son blanc, le même ou l'autre, Caïn ou Abel, son catholique ou son protestant, son progressiste ou son conservateur. Ah, appartenir à un camp, quelle tranquillité de l'âme, quelle gloire à l'ordre surtout quand l'amateur de Bourgogne est un homme, macho, chasseur, cadre supérieur votant au centre droit et habitant dans le marais, et quand la propension bordelaise s'attache à la femme féministe de gauche résidant aux abords immédiats du Bon Marché à moins que cela ne soit le contraire. Car dans cette belle division ontologique il n'y a pas de plus grande horreur que de jouer la transversale. Fondre sur un Gevrey Chambertin tout en dénonçant la stupidité de Boutin, détester la chasse tout en admirant les mélodies du cor, bref avoir l'esprit critique et alerte tout en se résignant d'habiter là où l'on habite par l'opération du Saint Esprit ou du hasard, le crime est là qu'il faut extirper. Voilà que je me fais prendre aussi par la dichotomie métaphysique. Suis-je du Saint Esprit ou du hasard. En bon kantien, je dirais que la question est insoluble, alors qu'être mégrétiste ou le peniste rend enfin le FN soluble dans sa propre bêtise. Mais dans cette parité qui ne relève par encore d'un vote de constitutionnalité, je me perds comme le jury de Miss France. Le public était pour Miss Berry, quand les juges secrètement soutenaient Miss Tahiti. La démocratie allait-elle avoir le pas sur les élites, les ménagères de moins de cinquante ans allaient-elles terrasser l'hydre télévisuelle qui sévit sur le plus ancien réseau français vendu un soir de distraction. Non, le quota de fictions ne pouvait être dépassé. Les enjeux supérieurs de la nation, la raison d'État ont remis bon ordre dans ce délire de jugement objectif. L'indépendance du Berry n'est pas à l'ordre du jour, alors que Tahiti a quelques velléité d'émancipation. L'alchimie secrète était en place. Et il fallait se presser avant que ces îles lointaines irradiées pendant trois décennies ne produisent quelques Gozillas. Plus française que la berrichonne, la tahitienne dont les origines polynésiennes tiennent de la thérapie génético politique pour myope, était ce salut beau et généreux à cette France hors de France par la France dans la France afin de calmer quelques inconséquents qui pensaient qu'après tout, se diriger soi même valait mieux que se faire exploser la gueule par les autres. Eh oui, tout serait fabriquer. Une miss France, on s'en doutait fortement. Mais une guerre, c'était autre chose, et une coupe du monde de foot. On nous aurait menti. Faut-il croire qu'on est toujours le tahitien de quelqu'un. C'est un état qui fait gagner les coupes. Il serait bon de savoir qui nous veut autant de bien. Bref, pour être plus court, il y a ceux qui décident et il y a les autres. Sur cette planète cette évidence est assez facilement résolue. Au conseil de sécurité de l'ONU, les dernières illusions sont tombées avec les premiers missiles sur Bagdad. Il y aura toujours des beaux parleurs assez fervents pour se déclarer pro ou anti américains. Mais la question n'est pas là. Il nous faut savoir si la force sera toujours suffisante pour assurer un ordre à travers le monde. Et ce soir dans l'intimité d'un Romané Comti, j'aimerais rappeler cette phrase de Jean-Jacques Rousseau: Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître s'il ne transforme sa force en droit, et l'obéissance en devoir.. Les plus faibles peuvent toujours s'unir au-delà des querelles partisanes, la rive droite avec la rive gauche, les chats avec les chiens, le Bourgogne avec le Bordeaux, ou du moins convenir qu'une différence n'est jamais qu'une différence afin de rendre les missiles du plus fort un peu moins forts. On appelle cela le droit international, un autre moyen de savoir qu'un bon vin est avant tout un bon vin avant d'être né en Gironde ou en Côte d'or. On appelle aussi cela l'intelligence, le jugement sain, la liberté de penser et de penser justement. Je fais aussi un rêve, celui d'un verre de Bordeaux trinquant avec un verre de Bourgogne afin de fêter une humanité enfin libérée de l'attitude des porcs de Virginie qu'on mène à l'abattoir, un rêve qui risque à son tour de tomber sous la balle d'un plus fort. ![]() |