Les monopoles nous tombent sur l’estomac

Les monopoles nous tombent sur l’estomac

Les suites de déjeuners sont parfois un peu lourdes; surtout quand on les dit d’affaire, un mélange des genres que je n’apprécie pas vraiment. On n’y travaille guère et on n’y déguste que rarement ce qu’on y mange.

Je sortais juste de cet exercice qu’il me fallait déjà téléphoner. Le carnet d’adresses resté sur le bureau, il ne me restait plus qu’à retrouver les coordonnées de mon correspondant. L’exercice était relativement simple avant. Dans les bureaux de notre administration postale existait, il y a peu encore, les terminaux minitel qui vous proposaient gratuitement
l’annuaire électronique.

Alors que je pénétrais dans l’un de ces bureaux, je découvris à la place du petit écran noir et blanc un superbe terminal arborant la marque de la pomme. Une charmante hôtesse faisait démonstration de ce nouveau matériel. Son sourire était radieux, ses connaissances informatiques un peu réduites.

Je lui demandais ingénument l’annuaire sur minitel, ce service gratuit dont chacun profitait. Elle me regarda telle l’espèce bovine découvrant avec stupéfaction la vélocité des trains à grande vitesse, persuadée que je devais avoir été le copain de jeu de Jules César pour poser une question aussi vieillotte.

Ayant l’âge de mes artères et non celui de Jules César, je reposais ma question avec la même naïveté. Elle se lança dans son discours appris par coeur m’informant que la technologie internet remplaçait maintenant le bon vieux minitel et que grâce au nouveau service cyberposte, il était maintenant possible de surfer sur le web pendant une heure pour la modique somme, grâce à leur nouvelle carte ..., de cinquante francs!
Ce fut à mon tour d’afficher le regard bovin de l’homme affligé.

Une heure sur internet pour cinquante francs, faisons un rapide calcul. Une heure sur internet 0F. Certes, la communication locale demeure mais l’on peut supposer que l’établissement public en charge de nos postes garde quelque lien tarifaire privilégié avec l’opérateur historique de téléphonie devenu privé. Quant au matériel, espérons qu’il est est compris dans un partenariat publicitaire, autant dire 0F, résultat
de l’addition 50F. Un coup de génie pour le dit établissement public, une facture un peu salée pour l’usager peu informé des pratiques sur le net. Si je compte dix minutes de connexions pour mon renseignement j’arrivais au prix de 10 F et une pauvre dame un peu fâchée avec le clavier arriva au prix record de 25 F pour un simple mail. Quand on pense qu’un fax vers le Japon en plein tarif ne coûte que 4 F et qu’une lettre ordinaire qui mettra en moyenne trois jours pour rejoindre le même pays

Je demandais alors avec encore plus de naïveté si un autre opérateur était aussi présent sur les lieux. Je dus alors me rendre à l’évidence
que l’établissement public assurant le trafic postal dans notre pays profiter d’une nouvelle technologie pour se départir d’un véritable service public dans une attitude monopolistique où l’usager n’avait plus qu’à payer ce qui était gratuit hier.

Partout où le monopole règne, c’est toujours un peu de liberté et de citoyenneté qui disparaissent.
Peu importe si le monopole est tenu par l’Etat ou par une entreprise privée. Le résultat est toujours le même. La clientèle est gardée captive et bien sûr non informée: une attitude purement anti démocratique.

Dans quelques semaines s’ouvriront à Seattle les nouvelles négociations de l’OMC. Comme d’habitude, le débat sera mal posé entre partisans de la mondialisation et défenseurs des nations surtout quand les débats en viendront aux domaines culturels.

Je ne pense pas que le monopole culturel de l’industrie cinématographique américaine améliorera le niveau culturel de l’humanité. Il faudra bien que des zones demeurent protégées et financées pour que la diversité survive et que la cooccurrence soit toujours présente. Le monopole tue la liberté des peuples. Souvenons de l’Union soviétique, les grandes industries privées monopolistiques ne feront guère mieux bientôt, souvenons-nous de cela si nous ne voulons pas devenir comme ces porcs de Virginie qu’on mène à l’abattoir.

Une autre chronique de l'impertinent Indic !

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