Protégée du tumulte du boulevard Saint Michel, de l’effervescence des ruelles touristiques du quartier latin et de la circulation incessante des quais de Seine, le Cafe Cantante a désormais pris place dans une rue tranquille du 5ème arrondissement de la capitale. Pour ceux qui s’en souviennent, ce haut lieu de convivialité offrait auparavant ses charmes à Bastille dans le 11ème. La devanture est colorée, chaleureuse… On a envie de savoir ce qui se trame à l’intérieur.

Couleurs vives et chaleureuses

Tables d'hôte et second niveau privatisable !

Curieuse, j’ai ouvert la porte en laissant dehors le froid glacial de l’hiver. Le rouge des murs, le noir du mobilier et la chaleur d’un sourire m’ont immédiatement réchauffé le corps. « Holà ! », Le responsable de l’établissement m’accueillit comme une « señorita» et m’installa à une petite table près de la fenêtre. La décoration des murs est soignée et épurée. Ni trop de cadres, ni pas assez. A l’intérieur y sont épinglées des photographies originales de Cuba. Des visages en noir et blancs nous sourient et veillent sur nos plats. Le décor est moderne, chic et décontracté. A noter, la présence de deux longues tables d'hôtes permettant de faire un repas entre amis dans une configuration amusante.

Quelques notes hispaniques font référence à la spécialité du restaurant mais sans rentrer dans les clichés. Cette simplicité nous aide à nous concentrer sur nos assiettes. Ainsi, menu en main, je parcourus d’un œil averti les propositions du chef. Il faut dire que la cuisine castillane me connait…Ou plutôt, que je la connais. D’origine espagnole, travaillant dans un restaurant espagnol et aimant les saveurs ibériques, je ne pouvais que m’attarder avec grand intérêt sur la carte du chef. Le choix est grand, varié et bien représentatif de la gastronomie espagnole. Du jambon Serrano au fromage Manchego (au lait de brebis) en passant par les poissons (morue, poulpe et anchois), tout y est.

Après une lecture attentive qui ouvrit un grand débat sur la gastronomie espagnole et notre appétit, nous avions choisit. Une femme élégante et très souriante pris la commande. C’était la femme du patron, une cubaine. L’occasion rêvée pour nous exercer dans la langue de Don Quichote ! Nous avions choisi en entrée l'assiette de 7 tapas (16,50 euros) pour faire un tour d’horizon assez large de la cuisine du restaurant. Un beau plateau en ardoise arrive à table : parsemé de quatre coupelles blanches, de fromage et de charcuterie, il semblait soutenir une fleur éclose. En son cœur, une salade fraîche accompagnée de poivrons ajoutait une note colorée au tableau.

Assortiment de tapas plantureux

Au programme : Manchego, Serrano, Chorizo, croquettes de morue, tortilla, aubergines frites au sirop de canne à sucre (une découverte pour moi), calamares légèrement fris accompagnés d’Ailloli et un petit saucisson mariné. Mon préféré (sans compter le Serrano et le Chorizo qui sont des pures merveilles) ? Les croquettes de morue et le Manchego. Un régal ! Un goût prononcé et subtil à la fois. Des saveurs qui m’ont évoqué des souvenirs méditerranéens. Les croquettes, croustillantes en surface et fondante à l’intérieur, n’ont pas fait long feu. Le fromage, doux, fondait lui aussi sur la langue. Un délice accompagné de généreuses tranches de pain rustique et très gouteux. Pour ceux qui souhaiterait une dégustation plus sommaire, il existe la formule de 3 tapas pour 9 euros. Il est également possible de ne prendre qu’un tapas à la carte. De 3 à 11 euros, des fameuses « Patatas Bravas » au Serrano en passant par les fromages, vous aurez un choix étendu de tapas. Pour les « herbivores », il est proposé des salades agrémentées de charcuterie, de poissons et de fromage (12 euros environ).

Fideua et Paella Valenciana

Enfin, les plats les plus espérés arrivèrent à point nommé ! Une paella Valenciana pour Pascal. Des Fideua pour moi. Servie dans son plats traditionnel, la paella est généreuse, colorée et joliment décorée. Une merveille pour les yeux ! De même pour les Fideua que je ne connaissais pas sous cet aspect. J’ai l’habitude de les déguster sous forme de pâtes ultra fines (les vermicelles) et marinées dans une sauce de poissons ocre et forte. Là, les pâtes sont des nouilles parfaitement cuite et copieusement accompagnées de fruits de mer mais avec une saveur moins perceptible. La paella et les Fideua sont à 19 euros. Il est également possible de manger une paella « végétarienne » pour 16 euros. Pour 13 ou 20 euros, vous pourrez déguster les plats variés. De poisson par exemple comme le Pulpo a Feira (Poulpe sur un lit de pommes de terre) ou le Merluza en salsa verde (Colin dans une sauce verte : persil et ail).

Ou des viandes avec les Parrillada de carnes (Assortiment de viandes grillées à la plancha : chorizo, côtelettes d’agneau, entrecôte, boulettes de viande et poulet, servi avec une sauce chimichurri) ou la Pluma “Pata negra” (Lamelles de porc Pata Negra a la plancha). A retenir : vous avez un menu « paella » pour 31 euros par personne, avec un apéritif, un assortiment de trois tapas, une paella, un dessert et un quart de vin ou de Sangria. Un bon compromis quand on ne sait où donner de la tête car le choix est déjà fait.

En dessert, j’ai opté pour la crème catalane. Onctueuse et craquante en surface, elle a clôturé mon repas avec simplicité (6 euros). Pour Pascal, ce fut une coupe Mulata (une boule de glace à la cannelle sur un lit de Baileys). Décoiffant et digeste ! A déguster aussi les Turrones (Assortiment de nougats espagnols avec une boule de glace vanille) ou encore les Torrijas de canela caramelizadas (Un pain perdu à la cannelle). En tout et pour tout, et sans compter la possibilité de prendre des formules ou des menus, vous pouvez vous en tirer pour 40 euros pour un repas complet à la carte. Ajoutez 4 euros en moyenne pour une boisson et 2 euros pour un café. De notre coté, nous avons pris chacun un verre de vin rosé de la région de Valence (Lurton). Une découverte intéressante et très appréciable. Le goût fruité et soutenu reste en bouche et s’accommode bien avec les plats.

Crème catalana et Mulata

Le patron Robert est communicatif : Il m’apprit ses origines espagnoles, son goût pour cette culture et son ancienne profession (journaliste dans l’hôtellerie). Je compris qu’il n’avait pas ouvert son « café chantant » par hasard ni sur un coup de tête mais plutôt sur un coup de cœur ancien et incessant. Le jeune chef originaire deValence, Jaime Moret Zabal a forgé son savoir-faire en Espagne dans les cuisines de grands chefs.

Avec 60 couverts environ, le chef peux recevoir des groupes pour des cérémonies, des fêtes… Entre amis, en amoureux et en groupe, le Café Cantante est résolument une idée originale et « caliente » si l’on visite le quartier !