On ne s'attendrait pas à trouver un restaurant et encore moins un restaurant de bonne cuisine italienne au détour d'une rue aussi paisible du VIIème arrondissement. La porte semble basse et dés que l'on pénètre dans cette Lucania, Guiseppe est là à vous accueillir, sourire discret à la commissure des lèvres et bel accent dans la voix. Le restaurant n'est pas grand mais les tables rondes qui le meublent sont placées de telle manière que vous ne serez pas obligé d'écouter la conversation de votre voisin.

Ambiance feutrée

Et miroirs romanesques...

Le restaurant est bien aéré et offre ce véritable plaisir d'avoir de l'espace pour s'adonner au plaisir de la cuisine. Le patron a profité de l'été dernier pour rafraîchir les murs et les couleurs. Il est vrai que la couleur "Bordeaux", omniprésente, donne l'impression de se retrouver dans le foyer d'un théâtre du XIXème siècle. Mais l'important, c'est cette cuisine du sud de l'Italie que La Lucania propose une cuisine fondée sur la fraîcheur de l'huile d'olive rencontrant le basilic et la tomate fraîche. Guiseppe tient à ce que ces plats gardent l'authenticité des produits qui les composent et les saveurs traditionnelles de son pays d'origine, la Basilicate. Et de ce point de vue, le pari de Guiseppe est vraiment tenu.

Ainsi en entrée les Carciofini alla lucania qui ne sont autres que des petits artichauts violets accompagnés de parmesan. Ou la Caponata (aubergine et poivron) garde toute la saveur des légumes qui sont préparés avec ce soupçon de parfum frais et construit que donnent le basilic et l'huile d'olive.

Pour les amateurs de pâtes, la carte de Guiseppe propose d'ailleurs dans la même veine d'inspiration des Spaghetti alle Vengole (palourdes) de Penne alla rucola. Mais surtout de strozzapreti all' amatriciana où le chef de la Lucania a remplacé pour partie l'aigreur du déglaçage au vin blanc par la chaleur d'un déglaçage à la Vodka ! Croyez-moi, il fallait oser le faire mais le goût de la tomate est alors comme exalté et offre une ampleur aux pâtes. A signaler que les pâtes à la Lucania sont fraîches. Et cela se sent surtout quand nous avons dégusté les ravioli, énormes et vraiment merveilleuses. Pour les amoureux de la viande, la scalopina di vitello al balsamico ou la Piccata al limone sont présentées. Alors que les plats de la mer sont plus resserrés autour du fritto misto ou des scampi calamari fritti. Afin de déguster ces différents plats, Guiseppe a construit sa carte autour de trois menus, entrée et plat, chacun de ces menus couvrant des spécialités de pâtes, de viande ou de poissons. Ainsi les menus cartes centrés sur les pâtes sont proposés à 19.50€ alors que ceux tournant autour des viandes et des poissons sont à 23€.

Des plats authentiques

De plus, des nouveautés viennent au fil des saisons comme les pâtes au pistou ou aux cêpes pour l'automne.

Un équipe aux petits soins

Mais votre découverte de la Lucania ne serait pas complète sans les vins parfois originaux que Guisspe présente. Ainsi la Lucania a le mérite d'initier ses clients aux vins de la Basilicate, qui sont des crus riches par l'originalité de leur vignification et de leurs parfums. Ainsi le Basilicata à 21€ ou l'Aglianico del vuture à 28€ seraient de bonnes entrée...

En attendant, le Canneto d'Angelo à 55€ vous offre un vin bien construit, très savoureux et se mariant bellement avec la cuisine des lieux. Naturellement, si l'on veut demeurer dans les grands classiques des vins italiens, le Barolo Pio Cesare à 120€ est aussi à la carte ainsi qu'à l'autre bout du spectre de prix, l'Orvieto classico à 19€ ou le lambrusco à 19€ aussi.

Restent les desserts où nous nous sommes plongés tout simplement dans le tiramisu qui, tout en étant de bonne facture, n'en demeure pas moins bien classique. Mais la Lucania est surtout un restaurant calme et de détente, un restaurant où l'on peut se retrouver entre amis pour une soirée ou discuter à midi pour son travail et ses affaires. Calme certes mais offrant aussi à ses clients une invitation au voyage vers cette Italie sauvage de la Basilicate, vers cette côte prise entre le talon et la pointe de la péninsule italienne. Cette côte que les Grecs avaient conquise et à laquelle ils avaient donné le nom de Lucania. Et si selon le livre de Carlo Levi, "le christ s'est arrêté à Eboli", cette petite ville de la Basilicate. Nous avons continué le voyage jusqu'à une cuisine de l'authentique, la cuisine de Guiseppe et de son chef.

Keiko adore le Tiramisu