Vaisseau amiral de La Bonbonnière, un jeune groupe de restauration, Les Fils à Maman est un spot branché proche des Folies-Bergères qui a essaimé des petits un peu partout en France, en Belgique et même... jusqu'à Hong Kong !
Mais sachez-le, on joue ici la carte de la cuisine en mode régressif. Alors si les petits plats et les goûters de votre maman vous manquent atrocement, vous avez frappé à la bonne porte.
Le décor étant planté, une revue de détail s'impose : grands tableaux noirs façon salle de classe (ça tombe plutôt bien : on peut écrire les plats du jour à la craie !), photos de famille posées çà et là, livres de bibliothèque rose, verte et albums de BD alignés au dessus des banquettes, jouets rétros pendus aux murs entre une affiche de Batman et une équerre en bois.
Je regrette presque de ne pas avoir apporté mes figurines Panini et mon sac de billes pour faire des échanges avec le copain de la table voisine.
Une image qui symbolise d'ailleurs à merveille l'ambiance bon-enfant des lieux. Avec en prime les gobelets Duralex posés sur les tables en guise de verre à eau, je me croirais presque à la cantoche.
La cantoche, oui... mais en beaucoup mieux !
D'abord, au menu (ou plutôt sur le cahier de textes) tout fait envie, et quelques mots m'enthousiasment déjà : Babybel, cordon-bleu, coquillettes, Kinder, Nutella, Carambar... Bonne pioche !
Mais ce qui est le plus cool, c'est que le dirlo nous laisse carrément le droit de boire des cocktails à l'apéro et du vin en mangeant.
C'est décidé, on passe commande !
J'attaque par l'os à moelle (en fait, ils y en a trois !) accompagné de grandes tranches de pain de campagne bien grillé (8€).
C'est vrai que la moelle ne plaît pas à tout le monde, mais moi je me régale (tout en regrettant d'avoir avalé cet énorme burger frites au déjeuner). Pas question de caler dès l'entrée : je desserre ma ceinture de deux crans, et je me remets à la tâche.
Du côté de mon invitée, ça a l'air de plutôt bien se passer aussi, avec les sucettes de gambas enrobées d'une carapace de miel et de graines de sésame (6€ les 2 ou 11€ les 4).
Ni vu ni connu, je lui en fauche une, je fais trempette dans son ramequin de sauce et je fourre l'objet du délit dans mon (innocente) bouche. C'est croquant... puis fondant.
Je lui en repiquerais bien une autre, tiens.Bon, en attendant les plats, on s'autorise deux ou trois lampées de Saint-Nicolas de Bourgueil du Domaine Lorieux (28€ la bouteille) histoire de faire passer tout ça.
À ce propos, la carte des vins est vraiment bien conçue, mais si les millésimes y étaient indiqués (au moins pour les grands crus), elle serait tout simplement parfaite.
Mais voici qu'arrive déjà mon filet mignon en croûte, accompagné d'un risotto de coquillettes au chorizo (13€). Bon, je peux l'avouer : le filet mignon, j'aime ça.
Mais c'est surtout la garniture qui a conditionné mon choix et je suis à la fois curieux et impatient d'y plonger ma fourchette. Même pas peur ! C'est mon métier, après tout, non ?
Les coquillettes sont bien cuites et le chorizo apporte juste ce qu'il faut de gras pour que l'onctuosité soit parfaite. Le genre de recettes bien pensées dont on n'arrive même pas à dire si c'est bon tellement c'est addictif.
C'est donc ça, la cuisine régressive ?
Un espace gustatif tellement douillet qu'on ne veut plus le quitter ? Comme les bras d'une maman, quoi !
Je commence à mieux comprendre pourquoi la maison fait aussi souvent salle comble.
Bon, avec tout ça j'en oublie presque que je ne dîne pas seul. Voyons si tout se passe bien de l'autre côté de la table.
Apparemment oui, car le Parmentier de confit de canard de ma convive (avec une mousseline carotte/vache qui rit, en lieu et place de la traditionnelle purée de pommes de terre) a pratiquement disparu de son mini poêlon en fonte.
Me voyant reluquer ses deux dernières bouchées avec envie, elle me lance « Vas-y. Moi, je me réserve pour le dessert ».
Elle n'a pas eu à me le répéter, et de ses deux ultimes bouchées je n'en ai fait qu'une.
Notre table est à peine débarrassée que nous revoici déjà en train de feuilleter nos cahiers de textes jusqu'à la page des desserts.
Et pour être tout à fait honnête, je dois admettre que je ne suis pas un inconditionnel des nourritures sucrées.
Du coup, je ne sais que choisir. Une très bonne excuse pour s'enquérir de la spécialité de la maison auprès du prof principal (c'est lui qui s'occupait de notre table !).
Me voilà donc gratifié d'un tiramisu au Kinder (9€). J'ai bien fait de demander conseil : ça n'est pas trop sucré et on retrouve bien le goût des Kinder.
En plus, j'ai même droit à quelques Smarties et une fraise émincée en guise de déco... sans doute pour me récompenser d'avoir bien fini mes deux premières assiettes.
Je déchante assez vite quand je lorgne finalement sur l'assiette de ma comparse : parmi les 3 mini desserts de son café gourmand (9€), je retrouve le même tiramisu, lui aussi parsemé des fameux Smarties.
En fait, tout le monde y avait droit ? C'est vraiment pas juste !
Pour me venger, je tape allégrement dans son mini sablé de Petits Lu, Nutella, banane et Chantilly, puis je phagocyte son Petit-Suisse pané aux Spéculoos émiettés...
Malgré cette attaque en règle, pas de bagarre. Pas de dispute non plus. Je suis rassuré : apparemment, on est toujours copains. Elle est trop géniale, cette cantoche !
Quoi qu'il en soit, la prochaine fois qu'on se sentira un peu nostalgiques de nos années "culottes courtes", on saura quoi faire. Croix de bois, croix de fer !
Menu déjeuner à 17.50€ pour un plat plus l'entrée ou le dessert, ou à 22€ pour entrée, plat et dessert.
Vins au verre à partir de 4,50€.
Cocktails à partir de 9€.
Réservation conseillée. Adorable petite terrasse en devanture.
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