Taillevent

J'ai vraiment été charmée par ce lieu. J'ai réellement pris plaisir me sentir comme une invitée "exceptionnelle" ce midi.
Nous l'étions tous en pénétrant au Taillevent : comme c'est agréable...

Un accueil fait dans les règles de l'art dans cette entrée chaleureuse : un accueil souriant, on nous débarrasse tranquillement et on nous conduit jusqu'à notre table.
Nous traversons la Salle Trianon.

Des tables rondes, un espace lumineux qui nous propose une échappée vers la nature car la salle est ouverte sur la cour intérieure de l'immeuble. Une sculpture symbolisant la force et la sérénité y est installée, réalisée spécialement pour Taillevent par Machat, elle est intitulée «Elle». Un paravent de Pierre Bonnefille dissimule l'entrée des cuisines.
Puis, une autre salle où mes amis m'attendent, la salle Lamennais où règne une ambiance feutrée, des boiseries de chêne blond, des oeuvres d'art contemporain.

Aux magnifiques lambris, des objets d'art moderne ont été ajoutés : des tableaux de Naggar, des lithographies originales de Friedlander et de Piza, et les vitrines logées dans ces boiseries offrent au regard des sculptures de Machat.

De belles nappes et serviettes en tissu d'un blanc immaculé, un joli bouquet de fleurs sur chaque table. Tout invite à se laisser faire.

Taillevent, c'est une aventure familiale qui fait ses preuves depuis plus de 60 ans. Crée en 1946 par Mr André VRINAT, un amoureux de tout ce qui tournait autour de son métier de restaurateur : la cuisine, ses restaurants, ses caves, ses clients, son personnel... Taillevent est installé à cette adresse, dans le 8ème, toute près de l'avenue des Champs Elysées depuis 1950. A partir de 1962, Jean Claude VRINAT se prépare à la succession de son père. En 1987, Valérie VRINAT, fille de Jean claude, fait à son tour ses début dans le groupe familiale.

Aux commandes des cuisines depuis 2002, le chef Alain SOLIVERES. Très tôt, il a baigné dans une cuisine de tradition familiale et de qualité, et se passionne très vite pour les métiers de bouche. Un parcours riche entâmé à peine à 15 ans lui permet d'acquérir le savoir et les techniques.

Après avoir acquis les bases auprès de Claude Ballocco à l'hotel Mercure de Montpellier et qui a été un maître très motivant pour la suite de son apprentissage, il poursuit auprès de Jacques Maximin au Negresco, de Raymond Thuilier à l'Oustau de Baumanière, chez Lucas Carton à Paris,..... puis auprès de Ducasse au Louis XV à Monaco.

Et Première place de chef à la Bastide de Gordes pendant 3 ans puis aux Elysées du Vernet où les étoiles commenceront à briller.

Il se concentre surtout sur une cuisine aux inspirations méditerranéennes, aux produits exceptionnels, pas communs et surtout en respectant les saisons.
Et tout cela, nous l'avons bien ressenti ce midi.

Le menu déjeuner proposé à 80€ ou à 95€ avec toutes les boissons incluses, eaux, verre de vin des caves Taillevent à chaque étape et café, nous a ravis.

Pour commencer, on nous propose un petit velouté de châtaigne, très doux et crémeux, de saison évidemment.

Trois entrées intéressantes. L'Anguille fumée et betteraves au yuzu et à la manzana : un lit de petits croûtons sur lequel reposent des rondelles de poisson et de betterave.
Le Yuzu est un agrume japonais au parfum acidulé qui s'accorde ici tout en légèreté avec les deux ingrédients principaux.
L'anguille, pas énormément consommée en France et riche de protéines et d'Omega 3, n'est pas trop salée et sa dégustation est bien adoucie au palais par la betterave. La petite touche d'argent apporte noblesse à l'ensemble.

En face de moi, on déguste un Consommé de boeuf au Raifort et à la moelle magnifique : un jus qui a l'air bien parfumé, de beaux dés de boeuf, de carotte, oignon et 2 jolies ravioles bien bombées aux bords bien dessinés.
Puis, mon voisin tente la Fregola artisanale de Sardaigne cuisinée au homard et palourdes. La fregola originaire de la Sardaigne qui ressemble à un pois chiche en fait, est une pâte de blé dur séchée, au léger goût de noix : ce qui je pense s'associera très bien avec le homard et les palourdes.

Les plats suivent. Le Rouget Barbet poêlé, oignons doux, caramélisés à la tapenade est un délice. La chair du poisson est bien ferme, la peau bien croustillante, les petites crevettes posées sur le rouget apportent également du croquant sur les délicieux oignons fondants, doux et caramélisés : l'ensemble est un vrai bonheur à la dégustation.

Les Tendrons de veau braisés, côtes de blettes au jus sont aussi bien dorés en surface, pas trop cuits à coeur et bien tendres, posés sur des feuilles de blettes.

La Gigue de chevreuil, sauce grand veneur est une jolie assiette colorée de façon très gourmande. Joli morceau de gibier ferme et dodu entouré de différents petits légumes aux couleurs acidulées. La sauce grand veneur est habituellement faite à base de vin rouge, de légumes et d'herbes, et gelée de groseille ou d'airelles... un régal qui lie très bien le goût du chevreuil aux gourmandises qui l'entourent.

Ces trois plats sont vraiment différents les uns des autres, la présentation est vraiment travaillée et attentionnée : on admire un instant avant d'attaquer avec une réelle envie.

Avant que mon instant préféré arrive (celui des sucreries), une assiette arrive et je pense que c'est le dessert que j'ai choisi. Le mien est à base de mandarine et ça pourrait y ressembler, pourquoi pas. Et bien, non! C'est une jolie barre de fromage de brebis fondant qui va nous accompagner jusqu'au final. Délicieux... et surprise très appréciée.

Le Chef Pâtissier Matthieu Bijou se révèle être aussi une perle aux cuisines du Taillevent. Il aime apparemment faire très plaisir aux gourmands : saisons, choix du produit et goût de la précision sont ses grandes qualités.

Arrive donc ensuite mon vrai dessert. Les Palets de Clémentine, parfait au thé et là, comment vous expliquer... je n'ai jamais eu affaire à un dessert aussi bon, je ne parlais plus, je ne voulais pas en rater une seule sensation : un fin biscuit, une crème légère et très, très glacée qui fond crémeusement sur la langue et la crème de mandarine épaisse et crémeuse qui se mélange avec le reste. Je suis prête à y retourner que pour ce dessert... J'en rêve encore!

En face de moi, on déguste une Expression de Guanaja. Très jolie architecture avec 3 textures et 3 saveurs qui se marient très bien. Guanaja est une île au nord du Honduras, découverte par Christophe Colomb, dans la mer des caraïbes. Elle a été saccagée par l'ouragan Mitch en 1998 mais ce dessert lui, tient bien la route.

Arrive pour finir une petite assiette de gourmandises qui accompagneront mon café, chacun la sienne, encore une jolie surprise.

On y retournera pour le menu déjeuner qui est renouvelé toutes les semaines. Il est vraiment très complet, gourmand et à la hauteur de nos attentes.
En tous les cas, c'est l'occasion de se faire plaisir dans un lieu prestigieux parisien, là où "la tradition est sans cette renouvelée".

La carte vous propose aussi un menu Saveurs et Découvertes à 190€. Pour les vins, le Chef Sommelier Jean-François Le Moine saura vous guider dans cette carte de 300 des 3 000 références de leurs caves., avec des crus insolites ou des classiques souvent oubliés...

En tous les cas, être si bien entourés et gâtés, on y prend très vite goût...